Mi-mars, la consigne était claire : "Quittez les grandes villes !" Stéphanie Deanaz ne s’est pas posé de questions à l’annonce du confinement. Elle a surtout aidé ses athlètes à prendre les bonnes décisions : "Le but était de ne pas rester dans des grandes villes plus exposées au risque sanitaire et de trouver des conditions d’entraînement adaptées, avec une priorité : trouver un couloir de nage pour la partie natation."
Deux d’entre elles se sont réfugiées ensemble dans le Var, dans une villa avec un couloir de nage de 25 mètres, idéal pour continuer à nager. Une troisième s’est elle isolée en Suisse. Des "conditions idéales" pour les athlètes françaises avec rapidement un bémol : l’interdiction du vélo sur route. "On leur a fait livrer des home-trainers connectés. Elles ne pouvaient pas jouer les unes avec les autres alors via une application, elles ont pu rouler virtuellement sur des parcours diversifiés. Cette application a même organisé assez vite des courses virtuelles et ça a été le bon moment pour diversifier leur entraînement. Chacune dans leur petit labo, elles essayaient de franchir au mieux les difficultés du parcours et ça leur a permis de travailler leur adaptabilité, qualité importante dans notre sport."
Quasiment deux mois plus tard, les athlètes attendent de regagner leur base de Montpellier quand les piscines pourront rouvrir. Elles attendent surtout toujours de savoir quand elles pourront recourir officiellement. Et après un rude hiver de préparation, ont l’impression d’avoir recommencé un cycle hivernal sans l’adrénaline de la compétition. Une difficulté psychologique renforcée par l’incertitude économique : "Plus que le report des Jeux, qui leur offre un espace-temps tombé du ciel, et c’est le bon côté du confinement, les athlètes subissent le mauvais côté : ils sont souvent aidés par des entreprises qui sont mises à mal. Et les athlètes se disent que la première chose qui va être enlevée sont les partenariats. Ils vivent aussi des gains sur les courses mais il n’y a pas de compétition. Donc c’est difficile. Notre rôle de coach est de les rassurer et de leur apporter des réponses, mais le souci, c’est qu’en ce moment on essaie de les rassurer sans pouvoir leur apporter de réponse…"
Les courses officielles commencent à être reprogrammées en septembre (mais la seule certitude pour les triathlètes, c’est que le déconfinement total va marquer l’ouverture d’un nouveau cycle de préparation foncière. Et qu’il faudra vite retrouver un dossard de compétition pour apporter un peu de baume au cœur.