2024, retour à la normale ?
En 2024, dans un contexte de croissance toujours médiocre (0,7 %, contre 0,8 % en 2023), l’inflation moyenne reculerait à 2,4 %, du fait de la stabilisation à la baisse des prix de l’énergie et de la poursuite de la modération des hausses de prix de l’alimentation, ce qui soutiendrait le pouvoir d’achat des ménages, malgré le tassement de l’emploi. La consommation serait ainsi davantage stimulée que l’année précédente, tout en restant en progression relativement modérée, du fait d’une réduction insuffisante du taux d’épargne.
Ce dernier ne diminuerait que très modérément vers 17,5 % en 2024, ne retrouvant évidemment pas le niveau de 15 % d’avant-Covid, en raison du maintien des incertitudes, et d’une volonté prolongée d’épargne de précaution et de reconstitution du patrimoine réel, face à la flambée antérieure de l’inflation. L’arbitrage en faveur de l’épargne serait aussi guidé par l’anticipation, émanant des ménages aisés, de hausses prévisibles d’impôts, face à la dérive des finances publiques, voire des investissements à réaliser pour la transition énergétique (logement, véhicule électrique). De plus, les revenus financiers et les baisses de prélèvements obligatoires, plus dynamiques depuis 2020, sont généralement moins directement consommés que les revenus du travail.
La baisse des taux directeurs à partir de juin serait a priori justifiée par le repli rapide de l’inflation, le desserrement monétaire de la Fed au printemps 2024 et le risque implicite d’un ralentissement économique prononcé en 2024. Par ailleurs, les deux banques centrales poursuivraient la réduction progressive de leur bilan, la BCE annonçant aussi l’accélérer dès juillet 2024. Cela empêcherait les rendements longs de refluer parallèlement aux taux directeurs et au recul des anticipations inflationnistes, dans un contexte où les primes de risque sur la soutenabilité des dettes publiques de certains pays européens, comme l’Italie ou la France, sont susceptibles d’augmenter. C’est ainsi que l’OAT 10 ans ne diminuerait que peu en moyenne annuelle, se situant autour de 2,8 % contre 3 % en 2023.
Après l’année des arbitrages records en matière de placements financiers, on assisterait sinon à un retour à la normale, du moins à un net ralentissement des arbitrages. Bien qu’en hausse, compte tenu du faible rebond du pouvoir d’achat (1,2 %, après 0,9 % en 2022), le montant des placements financiers (flux hors capitalisation des intérêts et valorisation boursière) subirait encore en 2024 la contrainte du recul de la distribution de crédits, avec des encours de crédit immobilier quasiment stagnants. Le montant des flux placements serait de 44,2 milliards d’euros en 2024, après 34,8 milliards d’euros en 2023, contre 82,4 milliards d’euros en 2022.
On devrait assister à un apaisement des arbitrages sur stocks, surtout en raison de l’absence de variation du taux du livret A (pas d’effet d’annonce médiatique), hormis celui du LEP (passage de 6 % à 5 %) et du PEL (2,25 % au lieu de 2 %). De plus, le repli de l’inflation et, au deuxième semestre, celui des taux directeurs induiraient un moindre reflux des DAV et des livrets B-CSL, ainsi qu’une moindre collecte sur les livrets défiscalisés. Il en résulterait un ralentissement de la collecte des CAT, du fait d’une moindre compétition pour la liquidité, de l’absence de hausse des taux réglementés et d’un recul mesuré des taux courts au second semestre. L’attrait des fonds euros serait amélioré par la revalorisation relative de leur rendement, ce qui porterait la collecte de l’assurance vie vers 21,6 milliards d’euros, les fonds UC étant stimulés par le PERI. L’attractivité des OPC, notamment monétaires, et des obligations, pourrait se maintenir par effet d’entraînement, le repli des taux d’intérêt demeurant modéré au regard du reflux de l’inflation.