Le secteur de la construction pris en étau entre la hausse des coûts et la baisse de la solvabilité des ménages.
Après une année 2022 marquée par le ralentissement des mises en chantier à proximité de la moyenne décennale, l’année 2023 commence avec un rythme de construction mensuel inférieur à 30 000 unités. Le secteur du neuf a subi de plein fouet les effets successifs de la crise de la Covid-19, de la RE2020, des pénuries de matériaux puis de la montée généralisée de l’inflation. La progression de l’indice du coût de la construction, beaucoup plus rapide que celle des prix à la consommation, exerce une forte pression qui vient s’ajouter à la résilience des prix du foncier. En effet, la fin des programmes dans les grandes ZAC avec une fragmentation de l’offre de foncier auprès d’acteurs privés, la mise en œuvre de la ZAN en zone peu dense et de politiques de limitation de la densité dans les grandes villes limitent l’obtention d’autorisations en secteur très dense comme en secteur diffus et contribuent à maintenir des prix élevés du foncier du fait de la rareté.
Le secteur de la promotion immobilière, déjà en difficulté pour la reconstitution de son offre depuis deux ans, semble devoir faire face à un net recul de la demande. Les réservations au T4 2022 chutent de 30 % par rapport au T4 2021, le plus bas 4e trimestre depuis 2008 malgré l’attrait que représentaient les avantages fiscaux du dispositif Pinel jusqu’en fin 2022. Le retrait de la demande s’illustre aussi à travers le taux d’annulation qui atteint 20 % des réservations trimestrielles. Le stock de logements disponibles à la vente remonte à 114 400 unités fin décembre 2022, soit près de 15 mois de ventes. Confrontée à une hausse des coûts accentuée par les attentes de qualité de l’habitat et, parallèlement, à une baisse de la solvabilité des ménages liée à la hausse des taux d’intérêt, la promotion doit revisiter son modèle. La diversification géographique en zone B2 et C, pour échapper aux contraintes du foncier en zones très denses, ne répond qu’en partie à la question, compte tenu de la montée des stocks plus rapide sur ces zones moins tendues.